louVainlaneuVe

JOURNAL D'ÉMOIS

mardi 23 septembre 2025

L'Histoire du loup qui cherche sa Montagne- pour Boris, mon Ti-Wolf

Il était une fois, il y a de cela des années… Oh ! Plus que ce que tu as vécu jusqu’ici. Plus longtemps que toutes les quatre saisons que tu as vu, senti. Loiiiiinnnn dans le temps. Il était une fois : Un loup

Et je vois le sourire sourire de mon fils, il aime tellement les loups. Il tire les couvertures sur son cou et ouvre la bouche pour feindre la peur. Il sait que je l’emmène en forêt. C’est la centième fois ce soir que je sors la clarinette et que je jouerai les échos de la Boréale. Forêt forte, remplie d’animaux, Et, je devrai les nommer, un à un, usant des Do Ré, Fa, Sol, Mi, -en ordre- car l’enfant connaît cette histoire par cœur dans son cœur. Le Hibou-choux avec les doigts sur toutes les touches. Gros son grave. L’Écureuil poilu : en fausses notes précises, le Lapin-lièvre aux oreilles penchées qui clapit, l’Orignal original que… l’instrument tarde (volontairement) à faire parler (Suspense oblige). Tous aideront le loup solitaire dans sa quête.) L’histoire vraie …du loup très curieux. Tout petit, tellement vivant, il se promenait dans la forêt, cherchant d’où venaient les sons, fouinant les odeurs, flairant dans le sol avec son grand museau, pistant les indices laissés sur les arbres.

La meute au grand complet devait le rappeler chaque fois. Mais, cher enfant, la curiosité n’est pas une chose qu’on peut dompter ! Elle était dans le bébé loup comme des milliers de vents se rencontrant.
Force, foi, éclairs. Si bien qu’un jour il est parti tellement loin que la meute eut beau hurler pendant des jours et des nuits, des lunes et puis des pluies… notre loup n’entendait plus. Il eut le temps de prendre un pelage de grand ; muer, grandir. Et, enfin… sa meute lui manqua un peu. Il se mit à chercher la montagne d’où il venait. AH Da Da ! Plus de montagne ! Disparues la meute, la forêt, la rivière… (Sa belle bouche se ferme. Il serre les dents. 

L’enfant s’assied et veut m’interrompre avec tout plein de ''pourquoi''… 

Je fait chut… et un sourire le prévient que la fin est douce comme mes mains qui jouent dans ses cheveux. 

Mangée par l’Homme avec un grand H la montagne ! La forêt est tombée, de gros tonkas jaunes géants ont déchiré le sol avec leurs becs dentelés. Les humains ont avalé la montagne toute entière ! Ils y ont mis des maisons partout, de grandes routes d’asphalte, du ciment gris… 

Silence. L’enfant aime le tragique, il veut qu’on pousse les maisons dans un trou et que le tonka tombe en panne. J’acquiesce.  

Le loup ne reconnaît plus sa montagne. Il est perdu. Il cherche. Il recherche. Il pense. La curiosité ne lui dit pas la vérité aujourd’hui; il veut revoir hier et les siens. Sa meute lui manque, il a oublié l’odeur et la couleur des siens. 

Les yeux de mon Ti-Woolf à moi, s’ouvrent tout grands, mon petit amour n’aime pas la vraie peur. Mon si bel enfant veut que j’appelle l’Orignal original pour faire diversion.

Je prépare mes lèvres et la clarinette couine. 

Non maman, pas comme ça ! D’habitude, l’orinalg il attend. Fais aussi le nidbou… 

Décrochage. La clarinette est trempée et je ne sais plus où j’en suis avec le loup.

Jamais écrite mais si souvent racontée. L’histoire d’un loup qui cherche sa montagne.

Alors, mère rouge, d’instinct, je décide qu’il faut ramener mon petit spectateur au cœur de la forêt. Dis-moi mon fils –maintenant- alors que la nuit arrive si bien dans ta chambre, que veux-tu que je fasse ? Que je te caresse ici, entre les deux sourcils, douce, doucement ? Ou… que, comme ça, je te souffle des baisers sur le visage avec ma clarinette ? 

L’enfant veut les deux –en même temps- et il rigole car il sait très bien que mes mains ne sont que deux. Alors je joue la musique triste du loup qui avance et le fait rencontrer, encore, tous les animaux qu’il connaît.

Maman, raconte-moi la fin… Oui, la fin. (…!...) Alors écoute et ne dis plus pourquoi pourquoi, tu veux bien ? Parce qu’À chaque pourquoi, à partir d’ici-maintenant, le loup risque de perdre son chemin et d’oublier son nom. Tu comprends ? Le risque est grand ! Alors il faut prendre une grande décision, choisis. Il acquiesce par son silence attentif. Je sourie. La magie opère. (Je suis rusée.)

Le loup, après plusieurs pleines lunes continuait toujours sa quête. Qu’est-ce qu’une quête ? C’est quand… on cherche inlassablement, qu’on ne peut plus s’arrêter, que c’est urgent même si ça prend du temps. 

Et, la caresse de ma voix si douce fit naître un nouveau sourire sur les lèvres de mon si bel enfant. 

Il cherchait sa montagne, sa meute lui manquait. Il marchait et plantait son museau dans l’humus, dans la terre, dans le sol; Fouillait toutes les odeurs à la recherche des siens. Parce que l’odeur, chez le loup, c’est le souvenir, la mémoire. C’est comme ça (!) qu’il arrive à voir leurs visages dans sa tête, lui, le loup, notre loup qui cherche sa montagne. Le hibou lui avait dit : Vas à l’Ouest, par là tu trouveras ta montagne. L’écureuil le taquinait et lui proposait le Sud. Le lapin-lièvre était certain que la meute sa meute à lui, l’attendait au Nord, le grand, le très grand Nord ! Et l’orignal, comme il prenait le temps de penser avant de parler avait réfléchit. Il était certain que le loup trouverait sa montagne en suivant la rivière, vers l’Est. Alors le loup, d’instinct, parce que l’orignal lui semblait un animal sérieux, était allé à l’Est jusqu’à trouver une toute petite rivière. Oh ! Si petite, si minuscule qu’on ne pouvait encore l’appeler ainsi. Larme, rigole, puis ruisseau il l’avait suivie. Puis… un jour que le printemps commençait à dire : « Oui j’arrive ! J’arrive enfin! » Le loup eut une belle surprise.

De l’autre côté de la rive il perçut des pas sur les feuilles mouillées. Il entendit des craquements de branches tombées pendant l’hiver. Avec ce bruit comme unique piste, il longea la rivière, devenue large. Si large que pour la traverser, on ne pouvait aller nager. Il renifla puissamment en se gonflant le ventre, en quête d’un vrai souvenir. Pour se donner de la force et du courage, il se mit à hurler. Comme ça. Et, comme ça. Et encore il hurla, hurla ! 

La clarinette reposée, le silence entra dans la chambre de mon fils. Il ne dormait pas. Il voulait plus. Il s’assit, comme pour m’ordonner de continuer. 

Matriarcale docile j’obéis sur le champ. Il replongea sa tête sur la chaleur de son oreiller.

… Il marcha et hurla encore de temps en temps. Le jour finit par devenir soirée. La lune était ronde, oranger, grosse, pleine. Belle comme celui qui se tenait derrière elle : Le Soleil ! Son albédo : sa lumière, son reflet signait la berge de cette –autre- forêt menacée dans laquelle il se trouvait. Le loup entendit le miroir de ses cris : l’écho. Puis… plus que l’écho… L’appel de l’autre ! 

Quel autre maman maman mamie ? Un autre loup ? 

Oui, chéri. Enfin sa quête s’achevait. Notre loup reconnu l’appel de SA meute, là, de l’autre côté de la rivière. Mais… je te l’ai dit, on ne pouvait la traverser à pied. Trop large, trop profonde, trop pleine de courants incertains et de veines qu’imposaient les roches couchées tout au fond. 

Mais maman,maman!! ? 

Oui. Ne crains pas. Notre loup n’abandonne pas. Il est aussi fort que moi qui t’enseigne à vivre. Non, notre loup n’abandonne pas. 

Le voilà! Le voilà près du rivage. Il avance. Il marche vite. Il devient tout plein d’un nouveau courage. D’une nouvelle force. Son espoir est enfin nourrit. Il hurle à nouveau. Il hurle et attend de l’autre, la meute, la sienne qu’elle lui réponde encore. Tout à coup, de l’autre côté, il voit. Pas dans ses souvenances ! Pas dans ses songes, il voit pour VRAI une louve de son enfance. Il la reconnaît par son oreille déchirée, par ses yeux vairons : un œil brun, un œil bleu. 

Ils se suivent tous les deux, chacun de leur côté de la large rivière. Pendant des jours, ils cherchent ensemble un endroit où la rivière les laissera traverser. 

Et enfin, parce que leur pattes souffraient de ne cesser d’avancer, ils arrivèrent au miracle. L’union. Une arbre centenaire là, couché de travers dans la rivière. Majestueux, énorme ! L’arbre en mourant dans un orage, s’était transformé en pont : l’union possible, le miracle.

Mon enfant dormait. La chair de ma chair continuait sa propre histoire.

Je ne lui aurais pas dit que le reste de la meute l’avait renié à son retour. Soumis, battu. Chassé. Répudié, chassé hors territoire parce qu’il portait l’odeur de l’errance ET de la si belle liberté. Parce qu’il ne voyait pas l’idée d’avoir un chef ! Ni celle de courber l’échine.



Photo par Sylvain Gougeon

représentation ''Du Braille sur la Peau''

O Patro Vya, 6 octobre 2017


To all who loved and cherished the late Ben Pouget, a poem that will soon become a song.

That was inspired by a message i received on Twitter, years ago. An anonymous commenter asked me :

''@nlouve Are you from the nations that have been in America for over 10,000 years?''
He asked, I answered him thus, with this poem:
Little human beast, what blood are you?
From what clan, what tribe?
Who inspires you, attracts you?
Who... breathes in your face?
This Strength, Faith, Passion
That has lived within you since childhood.
What smells do you come from?
Why all this flair, this instinct?
Where is it that you place your tonic accents?
Why do you bite into the North Plan?
That you sing, draw, drum and walk?
Straight up, to the West , on Line 9.
So that it does not reverse/ its flow
Nor blacken our lakes, our rivers
I am Red Mountain
White as the lily -when winter comes
And... beautiful and blue
Like my country called a province
So many reasons
for so many seasons to come
Why these head chants
As a soloist among the Catholics
And all these throat sounds
Wet, mixed, blended
That you now marry
To the great drums with so much rhythm
Oooooh-kay
You want to know who still forges
these sounds and verbs ?
How and why to spell geography
Why to write my -black out- family names
Those who draw the destiny
Always created and still are-
Those that now see
the drawing of a possible drowNing
Those who have so many memories to tell
and stories to pass on
to shape the kind newborns
listen...
For 10,000 years
I prefer barter and potlatch
And, since the other century
Thirty-six foster homes
Twice adopted
A thousand shared landscapes
Many precious ancestors,
transmitters of languages ​​and legends
Only One Mother, Only One Mother
Earth.

lundi 22 septembre 2025

'Du Braille sur la Peau by Nina louVe


                                                  
Du Braille sur la Peau
Conte poétique par Nina louVe 
    Écrit en 2004, diffusé depuis 2008 

Synopsis 
Résilience, émerveillement, mutisme. Une petite fille sur la plage. Du sable, du vent, des béquilles et des mouettes. Quelques docteurs, quelques menteurs. La mer. L’horizon. 

"Du Braille sur la Peau" par Nina louVe 
C'est l’histoire d'une petite fille qui lit sur les frissons de sa peau qu'il fait froid, même sous le soleil. Petite fille qui, au sortir d'un long coma réapprend à marcher, par le sol, par la danse, tout en jouant à mutisme et bouche cousue... 

Performance Poétique en Ombres Chinoises et Direction artistique : Nina louVe 
Photos, vidéos et scénographie : Sylvain Gougeon l'Arteur 
Réalisation bande son, composition musicale ''Comptine'' et montage vidéo : Edouard Maurer 

Narration des personnages 

Docteurs et Chœur d'Enfants
Jean-Marc Desgent, François-Alfred Mignault, Jean-Christian Guindon, Yvon D'Anjou, Nina louVe 

Petite Fille et mère:
Nina louVe

*Les Artistes en ombres chinoises et musiciens live varient selon le pays où le show est présenté 
Nina louVe, danse et mime 

Contact média et promo: braillesurlapeau@gmail.com

Du Braille sur la Peau by Nina louVe


Du Braille sur la Peau, conte poétique en 2 tableaux écrit en 2004.
Résilience, émerveillement, mutisme. Une petite fille sur la plage. Du sable, du vent, des béquilles et des mouettes. Quelques docteurs, quelques menteurs. La mer. L’horizon.
Du braille, l'écriture des aveugles. "Du Braille sur la Peau" c'est l’histoire d'une petite fille qui lit sur les frissons de sa peau qu'il fait froid, même sous le soleil. Qui réapprend à marcher, par le sol, par la danse, tout en jouant à mutisme et bouche cousue...
Performance Poétique en Ombres Chinoises
Direction artistique : Nina louVe
Photos, vidéos et scénographie : Sylvain Gougeon l'Arteur
Réalisation bande son, composition musicale ''Comptine'' et montage vidéo :
Edouard Maurer
Narration des personnages
Docteurs et Chœur d'Enfants :
Jean-Marc Desgent, François-Alfred Mignault, Jean-Christian Guindon, Yvon D'Anjou, Nina louVe
Artistes en ombres chinoises (O Patro Vys 8 octobre 2017)
Monique Olympe Silviani, artiste peintre
Catherine Lachance, sculpteure organique
Nina louVe, danse et mime
Contact média et promo: braillesurlapeau@gmail.com

samedi 20 septembre 2025

LE POTLATCH

photo Jean-Pierre Bronssard


Le Potlatch-Pièce en deux tableaux
Synopsis

Une femme est convoquée à une audition. Il y a dix ans qu’elle n’est pas montée sur scène. Deux hommes qui l’ont connue par le passé l’attendent. Est-ce pour la narguer, s’agit-il d’une véritable audition ? Veulent-ils qu’elle rachète une erreur du passé ? Y aura-t-il véritablement un projet théâtral au bout de cette longue audition ?
Que souhaitent-ils d’elle ?!

Il y aura ambiguïté. Ils la feront marcher. 
Qui gagnera le repos ?

Un fantôme hante l’ancien théâtre. Celui du Sergent détective William BoomBridge qui avait enquêté sur l’accident en 1977. Il est condamné à refaire l’interrogatoire s’il veut ne plus errer. En rétroaction il reposera les mêmes questions à Eva Desjardins. Elle y répondra. Eva est la seule qui perçoit la présence de Boombridge. Eva Desjardins n’a qu’un but en tête, réussir son audition. Elle y croit. Pendant le premier et le deuxième tableau elle se fera interrompre par les deux hommes. Elle finira par ne plus être en mesure de retourner à son texte; alors, dira son propre passé, son histoire à elle, ne ménageant plus d’avouer les détails de l’accident.


(Extrait : Monologue d’Eva Desjardins)

J’ai créé le vent, joué avec.
J’ai couché sur la houle et j’ai inventé un ressac en plein centre des océans.
Le cœur au vent, il n’y avait que l’horizon à regarder.
Durant 1000 jours, peut-être un peu plus,
j’ai quitté la terre ferme, celle où vous m’aviez clouée, parole contre parole, à poinçonner ma carte d’arrivée et de sortie.
Je voulais me taire. Faire du mutisme une arme redoutable. J’avais besoin de sentir qu’elle arriverait ; cette mort capricieuse que chacun craint ! Que tous ignorent, comme si elle n’allait pas venir.
Elle que j’avais honte d’attendre avec joie.
Les sourires et les politesses d’amphithéâtres où vous avez sculpté l’image du bonheur, m’ont fait chercher ailleurs.
Et ailleurs c’était là-bas.

Je suis partie sans donner à quiconque la clé de mon secret. Ni quidam de café, ni connaissance intime n’y était lié. Vous n’aurez pas su... ce que j’aurai tu. Et ! Seule, sans l’expérience de ce destin qui m’appelait, j’ai bravé le manque de borée, de bise, de brise.
J’ai vu ce que c’est que la véritable solitude. Je l’ai gagnée.
Oh ! Que je l’ai appréciée ! 
On avait tant pris de mes mots, de ma tendre innocence, de ces paroles, de ces gestes.
J’étais près des cendres quand vous m’avez fait monter comme une étoile.

Attendre, telle une poupée chiffon, incapable de se tenir fière et droite ! Je ne pouvais pas. 
Une marionnette sans petits fils...ça ne bouge pas sans éclairage ni trucage.

Là-bas, j’ai créé le vent, joué avec les voiles.
J’ai dormi sur la houle des semblants de tempêtes
et j’ai inventé un retour de vagues
en plein cœur
de la mer !
Les lèvres au vent,
il n’y avait que l’horizon à observer.

Je suis partie, cherchant l’Afrique. Mais l’Amérique n’avait plus de fin.
Quand j’ai pu gagner l’Europe, j’avais des ailes de fer sur le dos.
Mon bagage avait un poids.

Alors, j’ai affronté très tard la nuit, le foehn des helvètes.
Puis, plus tard, le schnouck d’un plat Canada qui se trahi et se déchire.
C’était trop tard pour les ouragans.
Mais pourtant, durant 1000 jours, peut-être un peu moins, j’ai navigué sur un monde marin qui m’avait tant fasciné, si longtemps.

Mon départ annoncé sans grande pompe, je partais.
C’était juillet, trois ans déjà.
Je quittais avec la ferme volonté de refermer sur moi un nouvel hymen.

Souvent, je dormais sur le ponton, bravant le danger !
J’aimais craindre de trébucher sans avoir PEUR de tomber.
Et c’est là que je titillais les limbes.
1000 jours j’ai gardé la barre à la main.
Mon voilier nommé Potlatch avait fière allure.
Comme celle d’un enfant destiné à devenir Chaman.
Neuf, sans expérience mais fort et volontaire.

J’attendais, mon visage fixant les quatre vents.
J’attendais Neptune qui annoncerait la tempête finale.
Mais ni le cri des sirènes ni le glas archaïque ne sont venus.
J’ai senti l’Amérique suinter ses odeurs de petites guéguerres jusque dans ma coque; 
pendant que le Soleil faisait son matador inébranlable,
du matin jusqu'au soir, tout le long de mon voyage.

Il n’a pas plu ! Pas du tout ! Il n’a qu’un peu venté.

J’aurais voulu qu’un torrent sorte du ciel ! Bon sang !
Qu’il pleuve à faire fondre, à faire fendre le bois de mon Potlatch.
J’aurais voulu que mon bateau s’agite jusqu’à ne pas laisser d’indices.
Son nom le prédestinait au naufrage ! Mais non...
Dieu qu’il a fait beau temps tout le temps.
Tant, qu’un désir est venu doucement m’habiter.
Le Désir.

En plongeant voir l’océan, aurais-je trouvé le silence que je cherchais ?
... Dans le fond...

Dans le fond de la mer, il n’existe pas le mot pour dire ce que je souhaitais gagner derrière mes voiles. Dans le fond du pair non plus. Ce n’est pas le silence, ce n’est pas ce que l’on nomme la paix du dedans... C’est plus ! Et puis... le silence existe-t-il ? Vraiment ? Quand j’y songe, lorsque l’on pense, on est loin de ne pas chercher. 

Regarder dans sa tête, n’est-ce pas parler à ses souvenirs ?
Une terre au fond de l’âme, voilà ce que je sentais m’habiter !

1000 jours, j’ai créé le vent, joué avec le sel.
J’ai reposé sur la couchette houleuse et j’ai voulu croire
qu’un ressac viendrait me chercher en pleine mer.

Après vingt ans de hargne contre le destin, les yeux sans larmes, mes cils battant au vent, 
maintenant, aujourd’hui, 
il n’y a que l’horizon à supporter. 

Je sors du bagne, les prisons sentent la peur et la sueur. 1000 jours, 
ancrée sur mon solide Potlatch; sans compter les minutes, 
sans engager de conversations audibles, 
j’ai jeté aux monstres marins les biens et les maux du passé.

Durant les jours, pendant les nuits, je naviguais loin des insulaires.
Tel un calvaire sans douleur possible, sans montagne atteignable.
L’appétit m’est resté dans le ventre! Comme pour me nourrir d’un voyage.
J’avais quitté la terra nullius, 
celle où vous m’aviez clouée, parole contre parole, à poinçonner ma carte d’entrée et de sortie.
Côté cours, côté jardin...
J’étais plantée au centre sans réplique.
Quel rôle !

Je voulais le mutisme. C’était un rêve d’aigle endeuillé.
Je n’étais pas l’aigle, mais une proie de mes exils !

Le souffle trop court pour un blasphème vous m’avez regardé prendre des valises trop petites pour ce périple.

La mort de Major ne peut pas se défaire. J’ai passé vingt ans à racheter sa vie. 
Voulez-vous la mienne ?

Me voilà de retour. Le Potlatch n’a pas été submergé.
Personne ne s’est noyé cette fois-ci.
Ni les choix, ni les âmes.
Je suis l’égale des vieux sages.
Je n’ai pas lâché l’hameçon sur mon cœur.
Je sais ce que j’ai vu à l’horizon, même si un exil peut se faire à la maison.

vendredi 19 septembre 2025


                                                        Photo Nina louVe

                                                        Iker au lac caché, 2023



À 15 ans suis arrivée quelques années d’avance au Cégep, celui de St-Laurent pour commencer où une Thérèse de prof m’avait fait découvrir Cocteau, magie! Qu’elle me pardonne d’avoir oublié son nom, si elle vit encore, car elle fumait comme une cheminée, en classe dans ce temps-là.

C’était l’fun ce Cégep, mais c’était loin de St-Dominique/Mt-Royal.

Me souviens d’une manif où le célèbre animateur radio qui m’avait interviewée, avait -au montage- trafiqué pour me faire paraître comme une étudiante faisant la grève ‘’parce qu’il faisait beau’’. Heille lui, c’est volontairement que son nom et prénom sont oubliés. Diantre! Moi qui commençais à peine à prendre parole, à discuter avec mes pairs. Bedang! Back to science of silence.

Mes collègues étudiants m’avaient jetée au pilori. La honte twa chose. C’était décidé, au Vieux je me tairais, comme je savais si bien le faire depuis 1977, disons depuis mes 8 ans, année de mon accident.

Mais, était-ce ‘’mon’’ accident, pas plutôt celui du chauffard ivre qui roulait à 100 km/h dans une zone de 50 km/h ce fatidique 6 octobre ?

Au Cégep du Vieux Montréal c’est Alexandre Lazarides et André Morf qui m’ont marquée. André habite tout près de chez moi, je le salue le matin quand je marche avec Chichou sur le bord de l’eau. Merci la Vie.

Au Vieux, pas été capable de me taire jusqu’à la fin. Me suis retrouvée finaliste du Cégeps en Spectacle avec ‘’Serena’’, une jolie petite pièce de théâtre que j’ai écrit et joué qui raconte l’histoire d’une femme collectionnée par son puissant et très riche mari contrôlant. Après, dans les couloirs tout le monde me parlait, m’arrêtait, me confiait à quel point ça les avait touché.

Oh mon feu! Vite, j’ai compris que je n’aimais pas ce nouveau statut de vedette, que ça me rendait parfaitement inconfortable.

Je suis partie en Gaspésie chérie, n’ai jamais finit mon DEC en Lettres. Mais comme j’ai aimé que mon père assis dans la salle au Tritorium pleure de joie devant ‘’Serena’’, lui, qui toute sa vie m’avait et me cache encore de ses 4 enfants légitimes. Des Lapierre introuvables que j’ai un tantinet cherché.

Eh oui, je suis une belle petit bâtarde but not a bastard! Née en ‘68 d’une mère lesbienne qui avait eu un petit flirt avec son technicien de son à Radio-Canada.

Le confort avec les mots est venu très tard, et ce mutisme auto-géré qui dura des années, aura été très bénéfique pour la petite écrivaine de 10 ans. Car se taire c’est observer, attendre avec patience, explorer avec minutie. Ainsi se développent exponentiellement le sens du toucher, de l’ouïe, de l’odorat, du goûter. Force foi fougue! Maintenow, I excel in the art of shining in the shadow of glamour.


lundi 22 novembre 2021

cadran surréaliste


 photo Nina louVe

.te prendrais bien quelques minutes de ce cadran surréaliste.

une minute    

          qui née vierge

             ferait tranquille et discrète son entrée

               dans l’temps d’le dire

 

une tournée qui tue l’Avent

des journées complètes

à blézimarder tous les vendredis fous

les vendredis noirs frits

les pré et post niaiseries

de c’te folie dans les magasins

ces marchands de pacotilles qui nous tonitruent leurs pubs

vantant leurs soldes pendant des semaines durant

ils font danser l’anse du panier

 

          .te prendrais encore quelques minutes de ce cadran surréaliste.

un soupir /un jaculatoire/ une pause/ un silence

une minute

qui faite fée, fait fi du farlassement

devient ballerine animée de chorégraphiées cadences


une minute

qui   h é s i t e   

          entre en trombe

l'autre qui tombe de l'aiguille des secondes

te prendrais une heure complète qui s'enfonce

dans la chair d’une orange mouillée et le plaisir d’un son de gorge

un sourire qui dessine un mot tel une étoile

et plus, encore deux autres décennies de désirs à lier sur des livres

paumes lovées à inventer des dédicaces

pandiculer dans des draps de toi-moi

nous témoins de la langueur de lire

dans des effluves de lavande, de sauge de sapin et de cèdres

une année lumineuse de minutes

 qui

 naissent

 tranquillement 

muettes et souriantes

puis virent faire la tournée

d'une journée qui meurt à l’envers

 

.te prendrais un peu plus ce compte-temps surréaliste.

un soupir /un jaculatoire/ une pause/ un silence

et rebelote grand battement, fouetté en attitude

une minute née

qui faite fée fait fi du bruit de la mort

hôte, elle chanceuse danseuse

répète ses sauts de biche

belle ballerine sans tutu

qui n’h é s i t e entre flic-flac et entrechat de quatre

à la fois femme soleil et homme lion

temps de flèche, temps lié, temps levé

pas de deux, grand jeté

des pirouettes et des gargouillades

elle termine avec une sissonne arabesque

ce pied de nez à la faucheuse

 

c’est bien, car ce cadran surréaliste

il prend les muses et les silences

pour des épices et des cadences

on en prendra bien d’autres dimanches

pour écrire une partition de pas de danse

 


lundi 6 septembre 2021

Sept à Table




Elles étaient sept à table. C’était l’automne et la pluie battait la cadence sur le toit de tôle. Tôle grise et rousse, bosselée, cornée comme un livre refermé sur le liseur. Dehors, concert rural de grillons mâles, en fa majeur ! Opus étrange de brume mouillée. Éclairs en vue. Orchestre, discordant, dissonant. Chœur affolé, criard, plaintif, discontinu. Signé et mis en scène par les geais bleus face aux félins rôdeurs sous les cèdres. Insectes mourants dans la lumière d’une lampe à l’huile. Moustiques, cigales, énormes frelons. Douleur. Piqûre qui perdure. Tonnerre qui jase. Tonnerre qui, brute, interrompt la science du silence. Même les animaux iraient se cacher.

Même le souper de fête se débaptiserait de son titre d’amuseur. Sept femmes, assises, debout, dansant, faisant ces grands gestes de joie. Sept, armées de fourchettes, dégorgées des devoirs, bien, à l’abri de ce déluge automnal.

À chaque bourrasque, un très vieux chêne racoleur frôlait comme intrus la vitre du salon. Ça les amusait d’imaginer qu’un revenant les espionnait pendant qu’elles découpaient l’animal dans l’assiette. La nuit s’en venait leur dire des secrets catastrophe. L’indicible parlerait. Mais ça, elles ne le savaient pas. Ni déjà ni encore…

Sept belles assises jouant à trinquer.
Brindar ! Şerefe! AUF Ihre Gesundheit!! Santé !

Pourtant, je vous assure, il n’y avait pas plus vrai que leurs sourires.

Qui est le monstre ? L’oubli ou le si lent souvenir

Un simple rendez-vous gastronomique, affectueux, où délices de dire s’emmêlent avec les sucs salés des viandes rôties. Elles saignent encore ! Du vin pour toutes. De l’eau dehors de l’eau dedans. Une pluie, un orage, une montagne sous néon ciel.

Sept femmes armées, 
aimées, aimantes, jolies mères, ex-filles, là, ensemble, réunies par l’amitié, vivantes et vraies.

À table dit l’hôte ! Passons joyeusement aux aveux. Puisque nous avons mangé toute la viande et les fromages. Qu’il reste le dessert.

Un café, un thé ? Bon. Puisqu’il faut se connaître plus et que les bouches sont pleines. Puisque de ce cas, de ce sujet grave nous n’avons jamais discuté… Toi M, parle la première. Moi ? (silence) Euh… Oui. Quoi !!!! Non. Pas ça. Pas ça pour toi. C’est horrible ! Qui !? Toi… aussi ? Toi ? Toi ? Toi!!?? T..oi ? 

Une seule de nous, juste –une- de ces femmes à table disait n'avoir jamais été violée ou abusée durant son enfance mais... toutes savions qu'elle mentait.

samedi 28 août 2021


 photo Nina louve, Tadoussac juin 2021

mercredi 18 août 2021

extrait du recueil Hakika Wadaan


 Photo Nina louVe, Street Art,  Montréal 2021


IV 

 

Petit COMA miGnon, post-coït

 

 

 

     Ton petit coma mignon provoqué par le bégaiement de nos gestes m’aura permise de filer en frousse. Boom! Une bombe est passée sur tes flancs baby fuck. Love is not a word On-lit. IT’Z A world of fictives real futures memories. AH ! Ouïr. Coïre. Mouïr, âme mmmmour. C’est une féroce qui tire et qui pousse. Et on s’en passerait !? Je coche Oui. Amour toujours, est le crime parfait qui tonitrue le maintenant !

 

Tu dormais Joseph, bel Édouard. Ma salive et nos sucs sur tes lèvres. Vite ! Vive, fuir la cabane blanche et rouge. Parce que, j’ai peur Édouard, Eddy beau, peurrrrrrr comme un animal traqué. OuaH ! Ça pue les promesses à l’envers. Ça sent le lourd et pénible effort. Le contre-dit, l’outre - passé. Le passant mort. Ça pue les stops aux arêtes dans la gorge. Un relent brut pire que trois moufettes réunies.

 

Et puis ça : les « pourquois » « pars pas » « je crève » !

 

Je ne peux pas t’aimer Sÿrenn

 

Épuisant !!!! Je voulais l’intègre sous mes pas, pas la vérité obliquée par l’adroite réplique.

 

Je ne peux pas t’aimer Sÿrenn, je bois.

 

Pathos arithmétique. GrRrr ! Tu as soif (!?) je n’ai plus faim.

J’ai mal au cœur.

 

Je vais nager que j’me suis dit, dans mon silence préféré. Moi, - je t’aime - espèce de guitariste à la menthe, de sculpteur de labyrinthe en bois d’sapin. Ce Je t’aime Profites-en Édouard, bon Joseph, car c’est pendant que tu dors bin dur,  que je le dis. Ta p’tite Sÿrenn de joie, est joie, et, coquine sans malice elle cache les mots les plus doux dans sa fête.

 

Na ! Vlan. Je te plais et tu m’appelles. Je venais.

 

C’était bon comme les algues et les débris d’orage qu’on faisait brûler sur la grève, bon comme tes mains vivantes sur ta guitare, comme mes chants d’Église sans fausse note dans ma cachette, bon comme nos couchers, ivres d’audace sous le soleil. Là ne suffisait-il pas ?

 

Kchuuuuuchsss ! Kchuuuuuchsss ! L’océan qui tempête ne me mate pas, il m’attire, comme une promesse d’éternels plaisirs. Si je pouvais respirer dans l’eau… tu n’oserais pas venir me chercher j’espère… !?

 

Je t’en veux. Rien qu’un peu. Pas beaucoup. Juste assez. J’aurais pu RESTER. T’épauler et t’insuffler ma force de vivre. Toute la sagesse te hantait déjà ? Un brin de faix un brin de faux ! Gaspésien de longs bonheurs ! Je ne savais pas, (pardon), qu’une seule phrase peut pousser à la Fin de la Faim…

 

 

 

 

V

 

Avertissement : on tombe dans l’joual icitte

 

 

 

     Tu t’amènes belle bête. J’ai la tête dans les vagues, je me mouille jusqu’à la moelle. J’ai pas vingt ans encore la première fois que tu m’surprends dans ma cachette. Terrée là, confortable entre deux rocs deux beaux caps bien aiguisés, sculptés par le temps. Par tous les autres siècles et les restes d’ouragans. Je suis muette mais pas sourde et… toi t’arrives. Toi toé twa, comme on voudra, TOI : Joseph-Édouard Cap-aux-Os man ! Celui avec qui le village au grand complet aime rire jusqu’à la crampe, aime chanter du soir jusqu’au matin. Ou du matin jusqu’aux matins.

 

Il est beau ton monde Édouard, Joseph. Ta Gaspésie bleue grise et orange me plaît tellement que j’y r’viens tout l’temps.

Pis, quand j’la quitte, c’est en rêvant d’y revenir enfin encore, en comptant les saisons qui me séparent de ses montagnes et de sa mer si frette.

 

T’arrives toi ! Juillet, lendemain de tempête. Y’a des algues brunes et des poissons morts les yeux ouverts partout sur le sable. Y’a des troncs d’arbres venus du ciel. De la glaise quand je creuse au fond. J’ai les mains grises alors, je me baigne, nue.

 

C’est meilleur nue. C'est bon ce frette et ces coups durs sur mes hanches. J’suis libre et seule et je chante enfin sans micro. Pas de pub, pas de gérant. Pas d’affiches, pas de promo. GrrrRRR ! Yé ! La pâ !!!  La sainte criss tof  de paix. Je hurle presque. Big Deal l’nouveau  disque est parti aux radios. Vieille chipie qui s’fout de la caisse des cennes noéres  je le renie déjà. Mou, pas assez de guit’z ni de bases à mon goût. J’voulais du vrai, pas d’la cacanne en boîte. Pas d’budget pour le rêve. J’ai donc fuis sul pouce avec pas d’fric pis un sac à dos. Vache, j’ai tourné l’dos aux questions idiottes des FM commerciales. La production va finir par me poursuivre, mais pas ici ni maintenant.

 

Pâ ! Saint-Toc de méchante bonne paix. OuFfF ! Une clarinette, du papier au cas où… Moi, J'M'en Fous ! Suis loin. Tellement bien tellement chuis loin de la vile ville.

 

Édouard…Qu’est-ce qui te prends ? Tu vois pas que je m’amuse toute seule. Que j’ai bezoin d’personne moi. Bref tu le sens, Beau Bonhomme de Brume… Tu me veux. Tu t’amènes sur mon morceau de plage.

 

Y’a des choses qui se disent sans parler : Je n’suis pas vierge, milles fois non ! Je suis rêche, sauvage, musique de Foi et charnelle petite bête. Mon corps tatoué t’a pas fait peur, hein !? Toutes ces guerres de territoire sur ma cuisse et mes épaules, toutes ces couleurs, balafres d’adolescente signées sur peau tendre, souvenirs… Taches. Encre indélébile. Signature de la  terrée des ruelles du centre-ville, ça, là, ces monstres figures punks ! Toi curieux poète sculpteur, tu les as mangé. Tu m’as burinée avec ta langue. Là… Dans ta cabane et sous les arbres de Forillon t’as enlevé les squats et les ruelles  de ma bouche avec ta bonne brave bave.

 

 

 

 

VI

 

Bel Oiseau Aigle

 

 

 

     Les yeux étranges, fouillant ma piste, mon territoire secret, plus étrangement assoiffé qu’avant de s’endormir, il voulait parler. Brave Joseph-Édouard… Bel être humain. Toute la sagesse du monde t’irritait déjà ? Je ne savais pas qu’une seule phrase peut pousser à ÇA : le péril volontaire.

 

L’être humain est plein de replis, de vraies cachettes, de lapsus crasses z’é attrapes… De coquilles en concubinage… Le langage n’est pas la chose la plus habillée. Nue, la parole tire sur l’insoutenable lourdeur parfois.

 

Alors, tu as fouillé Joseph. Je n’étais plus en mer ni affalée les quatre pattes en l’air sur le sable. Ta p’tite Sÿrenn de joie, à toi, était à l’Auberge en train de bouffer de la viande de bœuf et des patates. Y’avait du monde à messe comme on dit ! Des slaves, des africains, des filles d’Irlande et, un japonais sans caméra. Y’avait du monde de Québec city pis de Manicouagan aussi. On jasait. Moi aussi. Ils voulaient savoir si j’avais fait ceci et cela. Combien je valais quoi. GRrrR ! Ma bouille est sur la Une depuis une semaine.

Pis après !? Vous souhaitez que je déguerpisse à la rubrique des sports d’hiver ? J’avais horreur des questions, comme maintenant. J’aime la vie. C’est tout ce qui compte. Taisez vos curieuses petites bêtes de cirque qui, assoiffées de notoriété, cherchent à aller vanter qu’ils m’ont causé. La pâ s’ti. Des autographes, il y en a à vendre sur Broadway !!!!   Moi, j’fais pas la file pour l’insipide parade. Des sourires qui dansent en ligne, j’en fais pâ. La Gaspésie n’est-elle pas suffisamment loin !? Va t’y falloir que j’aille crasher l’bout du monde, squatter une montagne d’Europe ou bin un désert du Moyen-Orient, bon sang ?!

 

Toi, tu arrives, tout plein de suaves sourires vers mia moi. J’te le dis. Je ne parles pas mais je te le dis tout ce cela. MMM. Humm. Brave beauté mâle, mon ventre s’affole à toute les fois que je te regarde. Mmm. Je. Mmm. Toi. On se regarde. Je quitte la tablée, j’dis au revoir dans toutes leurs langues et nous sortons, ensemble. Pas par habitude. Parce que c’est tout spontané, irrésistible. On marche jusqu’à ta cabane blanche et rouge. C’est loin. La route est longue. Le village est petit mais le chemin est long.

 

Comme la vie. Longue, impermanente, elle file, elle nous pousse.

 

Je te propose un beau trip de guitz six cordes sur la playa. Ouais tu dis plein sourire. Ouais ! J’t’attends entre les deux caps Baby Buzz, ké ? J’te r’joins ma p’tite Sÿrenn. J’men viens. Faut j’aille au dépanneur m’chercher une douze à boire avant. Ciao.

J’prépare le coin Joz. On va s’chanter la toune du grand Maurice Joncas, tu veux ? Ouais, cool.  T’as-tu finis par l’apprendre par cœur ?

Bof, tu feras le souffleur…

 

 

 

 

 

VII

 

 Facke cé ça.

Moi j’viens, toi, tu débites mon maintenant à tout j’aimais.

 

 

 

Bon. Okay. K.O.  Mon ventre à hiers, puisqu’il le faut. 

L’autre souvenir.  Celui qui dit CIAO ma p’tite Sÿrenn.

Allez, t’é capable.

Ça ne fera pas mal.

On s’en sortira.

 

Ok. Find fine find fine !

 

Ouais… La toune du grand Maurice Joncas. C’est là qu’on était rendus hein ?! Nous l’avons donc chantée. Lui, Joseph, Édouard, avec ses mains sa voix sa gorge, son rire,  sa barbe parfaite pas faite, ses non dires,  sa chevelure… fournie de nous, pleine de nos z’odeurs pas délavées et… puis moi, sa p’tite Sÿrenn de joie, sola furia, méli-alto, avec mes doutes et ma mini foi. Clenches ta clarinette que j’ai pensé, hurle comme ça, en regardant l’amour se terrer centre amer.

 

On grignotait les tempos miette par miette. Malgré l’épée d’DAmoclès que, tous deux, l’on savait au dessus de nos êtres.

Le poignard du terriblement inutile rationnel ! Terre à chair, j’ai laissé là  ma peau sur la grève. Il aura plu milles fois après, que rien ne s’est dézavivé.

 

Ça n’arrive pas tous les jours c’t’affaire d’AAAAAAmmmour.

 

Kchuuuuuchsss ! Kchuuuuuchsss ! L’océan qui tempête ne me mate pas, il m’attire, comme une promesse d’éternels plaisirs. Si je pouvais respirer dans l’eau… tu n’oserais pas venir me chercher j’espère...

 

Bin cé ça. L’Amoclès métal fer, il est entré au fond de nos restes à venir et s’est enffffffffffoncé jusque dans la glotte !!! Bordel. Repassez-moi les journalistes, j’men vas leur conter c’que c’est l’néant APRÈS la vie. Vite.  Micros Radios, ça urge. Qu’après je me taise encore moi l’intime secrète. Prenez les tounes, faites-les jouer, moi là, je fouttt mon camps à Valenciennes. L’europe… Okay. On m’a dit que c’était bon la bouffe làbas.

 

Après la toune de Joncas, c’était la fin, FIN des jouïrs à n’en plus finir. Ouais. Fake cé ça. Moche. Poche. Croche. Notes mortes. GRRrRrr.

 

Sacré mâle. T’étais pas là pour rien sur mon ch’min. Héééé Boy ! Baby luck. T’as voulu faire le voyeuriste, me piquer ma sola solitude, standing d’boutte en cachette. Tu r’rgardais quoi au fait ? Les hanches ou la clarinette ? Quand j’la mouillait, tu me disais : On dirait que c’est à moi que tu fait ÇA. Oui je murmurais dans ma tête. Je me taisais tout l’temps pour les aveux cochons.

 

J’ai tordu le tort ? J’ai failli ? J’ai crashé dans le fossé à cause de ça ?

Ce silence, mon crrr de si lent silence d’urbaine fatiguée t’auras fait peur Joseph, Édouard ?

 

Man……… Je ne sais pas compter les rimes des sourdines.

M’en voudrais-tu encore ?

 

T’as sculpté brave bête. Tu auras buriné tes lettres sur mon cœur frette. T’auras mis presque vingt ans avant que j’arrive dans ta face brune brume. J’étais là. Toute. Toute là, pour une fois. Une FOI. Brave sculpteur de mirages… Je t’ai laissé ma sueur et mon front.

 

Toi pis moi. Toi Joseph l’Édouard tout nu tout cru, avec ta voix mouillée… et moi petite bête de roc cachée qui me défendais comme j’le pouvais… En te baisant.  En te bouffant ton bad trip.